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Agriculture, forêts, pêche

Vers à soie. La chenille du bombyx du mûrier (Bombix
mori), appelée ver à soie, se nourrit de feuilles
de mûrier avant de s'enfermer dans un cocon de soie pour s'y
métamorphoser en papillon. La sériciculture (élevage
du ver à soie) est pratiquée dans les régions
centrales et méridionales de la Chine, notamment dans le
delta du Yang-tseu-kiang. La soie naturelle de Chine, très
réputée, est une production traditionnelle millénaire.
Le secteur primaire, base traditionnelle de léconomie
chinoise, fournissait 18,8 p. 100 du PIB national en 1994, contre
32 p. 100 en 1975, et utilisait encore 47,7 p. 100 de la population
active en 1996 (contre 76,3 p. 100 en 1975). Seuls 10,5 p. 100 du
territoire chinois sont cultivables, dont environ la moitié
sont irrigués. La Chine est le pays qui comporte le plus
de terres irriguées au monde. Jusque-là faiblement
excédentaire, la balance agricole était déficitaire
en 1996. La Chine a exporté pour 10,2 milliards de dollars
de produits agricoles et en a importé pour 11,8 milliards.
La production agricole a augmenté de 4,5 p. 100 en 1995.
Lagriculture chinoise est cependant régulièrement
soumise aux aléas climatiques (inondations, sécheresse,
variabilité annuelle des précipitations, tempêtes
de poussière et de grêle, etc.). Les récoltes
de céréales ont ainsi connu un net recul en 1994,
année marquée par dimportantes inondations.
1. Cultures

La Chine demeure le premier producteur mondial de céréales
(440,9 millions de t en 1997). Environ 85 p. 100 des terres labourées
sont consacrées à la culture de trois céréales
(riz, blé, maïs).
La plus abondante est le riz, avec 32 p. 100 des terres cultivées,
une production de 197 millions de t en 1997 (1er rang mondial) et
dexcellents rendements (5 738 kg/ha). Le bassin du bas et
moyen Yang-tseu-kiang fournit, à lui seul, 70 p. 100 de la
production nationale de riz. Vient ensuite le blé, avec 32
p. 100 des terres cultivées, une production de 120 millions
de t (1er rang mondial) et de bons rendements (3 318 kg/ha). Enfin,
le maïs occupe 21 p. 100 des terres mises en culture, avec
une production de 105,4 millions de t (2e rang mondial en 1997).
Parmi les céréales cultivées dans le nord
et la Mandchourie figurent également le millet (3,5 millions
de t, 3e rang mondial) et une variété de sorgho, le
gaoliang (6,1 millions de t en 1991). Ce dernier est aussi utilisé
comme fourrage et pour la distillation dune boisson alcoolisée,
tandis que ses tiges sont destinées à la fabrication
de papier et utilisées comme matériau de toiture.
Parmi les autres cultures figurent lorge (3,2 millions de
t en 1995) ; la patate douce ; des légumes, dont la pomme
de terre (43,3 millions de t en 1995, 1er rang mondial) ; le tabac
(2,2 millions de t, 1er rang mondial) ; les fruits, dont la banane
(3,1 millions de t en 1995, 5e rang mondial) ou lananas ;
les agrumes, notamment des oranges (7 millions de t en 1995, 3e
rang mondial) et des mandarines.
Les oléagineux constituent une part notable de la production
et des exportations. Le plus important est le soja, sur environ
8 p. 100 de la surface cultivée, avec une production de 12,8
millions de t (4e rang mondial). Viennent ensuite larachide
(9,7 millions de t en 1994, 1er rang mondial), le sésame,
le tournesol et labrasin (qui fournit une huile recherchée).
La Chine exporte traditionnellement du thé. En 1994, elle
en a produit 637 000 t (2e rang mondial), soit 22,6 p. 100 de la
production mondiale.
La production de sucre (6,79 millions de t, 4e rang mondial) est
issue pour lessentiel de la canne à sucre (65,7 millions
de t en 1995, 3e rang mondial), mais aussi de la betterave sucrière
introduite relativement récemment.
En ce qui concerne les fibres textiles naturelles, la Chine est
devenue, en 1995, le premier producteur mondial de coton (4,25 millions
de t). La ramie, une plante indigène similaire au chanvre,
et le lin sont utilisés pour la fabrication de vêtements
délicats, le jute et le chanvre pour la fabrication de sacs
et de cordes. La soie naturelle (81 000 t en 1994, 1er rang mondial),
dont la production repose sur la sériciculture (élevage
des vers à soie), est également un produit chinois
traditionnel
2. Élevage
La Chine possède un cheptel important et diversifié
(plus de 400 espèces animales). En raison des habitudes alimentaires,
les porcins abondent (424,7 millions de têtes en 1995, 1er
rang mondial). Le pays est dailleurs le plus gros exportateur
de soies de porc. Viennent ensuite les ovins (122,7 millions de
têtes, 2e rang mondial), les bovins (100,9 millions de têtes,
4e rang mondial), les caprins (91 millions), le buffle deau
(21 millions), le cheval (11 millions), les volailles (dont 430
millions de canards, soit les deux tiers de la production mondiale),
qui produisent 14,8 millions de tonnes dufs. Le chameau
est élevé dans louest et le nord désertique.
Enfin, au Tibet, le yack est une source de nourriture et de combustible
(bouse séchée) tandis que son poil et sa peau servent
à fabriquer des vêtements.
3. Organisation de lactivité
agricole
Lagriculture chinoise reste encore très traditionnelle
et emploie une main-duvre surabondante. On estime le
trop-plein de main-duvre agricole à 250 000 millions
de personnes. La croissance continue de la production et des rendements
agricoles peut être attribuée, en partie, à
une productivité accrue. En 1994, le pays comptait 8 934
000 tracteurs et motoculteurs et utilisait 33,1 millions de t dengrais.
Lactivité agricole repose, pour lessentiel,
sur des millions de petites exploitations familiales et sur environ
2 000 fermes dÉtat. Ce type de structure fut créé
à larrivée au pouvoir de Mao Zedong, en 1949,
alors que 80 p. 100 des champs (1,08 million de km2) appartenaient
à de grands propriétaires terriens qui en furent dépossédés
au profit de 300 millions de paysans.
La collectivisation de lagriculture débuta en 1953
avec la création de coopératives afin de partager
la terre, devenue propriété collective, et les moyens
de production. La Chine agricole se retrouva ainsi exploitée
par 800 000 coopératives de 600 à 700 personnes. Puis,
en août 1958, dans le cadre du Grand Bond en avant, 26 000
Communes populaires (CP ; renmin gongshe) furent créées.
Chacune de ces CP regroupait 30 coopératives de 25 000 personnes
et était divisée en plusieurs brigades de production,
subdivisées en équipes. Mais ces structures, bien
que très productives dans les premiers temps, allaient se
montrer inefficaces, forçant même Pékin à
importer des céréales. Les famines de 1959 et 1961
furent particulièrement désastreuses. Pourtant, cette
politique fut poursuivie jusquà la mort de Mao, son
initiateur, qui refusait de la mettre en doute.
En 1979, la quasi-totalité de la population rurale (environ
838 millions de Chinois) se répartissait dans environ 52
000 CP. Le gouvernement décida alors de restructurer le secteur
agricole afin de supprimer le déficit alimentaire chronique
de la Chine et daugmenter la consommation alimentaire par
habitant. Le principe des CP fut largement démantelé
(il en reste encore quelques exemples), et le cercle familial devint
la principale unité de production. Dans ce « système
de responsabilité », complété en 1984
et toujours en vigueur, la terre est entièrement exploitée
par un foyer et fait lobjet dun contrat héréditaire.
Cet accord passé avec les autorités locales fixe un
quota de production. Si le paysan le dépasse, il peut vendre
lexcédent sur le marché libre. Aujourdhui,
ces ventes représenteraient environ 60 p. 100 de la production.
La famine a, quant à elle, disparu.
Toutefois, la forte croissance de la production annuelle depuis
1949 a été en partie annulée par la rapide
expansion démographique, qui a pour corollaire la diminution
des terres agricoles. Par exemple, entre 1952 et 1979, le secteur
céréalier sest accru de 103 p. 100, alors que
cette production, rapportée au nombre dhabitants, na
augmenté que de 20 p. 100. Puis, entre 1979 et 1987, la productivité
a doublé, les paysans ont commencé à mieux
vivre et le pays a pu exporter certains produits (riz, soja, coton,
notamment).
Cependant, la croissance démographique sest poursuivie,
parallèlement, à un rythme certes moins rapide mais
encore soutenu. Pour pallier ce problème, il faudrait financer
des infrastructures visant à améliorer le transport
des marchandises, moderniser les moyens de productions (matériel,
engrais, etc.) et, plus largement, lensemble de lagriculture
chinoise. Cet objectif paraît difficile à atteindre,
en raison de labsence de réformes et des réductions
budgétaires.
De même, une réorganisation administrative massive
permettrait de mieux réguler le marché et de contrecarrer
lexode rural dû, en grande partie, à la main-duvre
pléthorique des 18,67 millions dentreprises rurales.
En 1995, des révoltes paysannes ont éclaté
afin de réagir contre une fiscalité trop lourde et
souvent illégale, imposée par des potentats locaux.
4. Le déficit de terres
Bien que de nouvelles surfaces aient été ensemencées
(notamment en Mandchourie et dans la Chine du Nord-Ouest), la diminution
des terres cultivées (souvent affectées à dautres
usages), combinée avec la démographie galopante, fut
plus rapide. Ainsi, la moyenne des terres cultivées par habitant
est passée de 0,18 ha en 1949 à 0,11 ha en 1979.
Entre 1949 et 1986, les paysans ont défriché 251
000 km2 tandis que 407 000 km2 disparaissaient, soit un déficit
de 156 000 km2. En 1989, la Chine avait ainsi perdu 170 000 km2
de terres arables. Deux phénomènes expliquent cette
perte. Le premier est imputable à lHomme (urbanisation,
infrastructures, industrialisation, etc.). Le second, dordre
naturel, concerne lérosion des sols, la désertification
et la déforestation qui modifient les conditions de drainage.
Pour lutter contre ces atteintes, des travaux dirrigation
ont été menés (nord-ouest de lHubei par
exemple) et près de 50 p. 100 des terres sont aujourdhui
irriguées. Toutefois, le réseau dirrigation,
très complexe, nécessite un entretien permanent et
contraignant. Enfin, le reboisement contribue efficacement à
lutter contre les inondations qui ravagent les champs, comme celles
de 1994.
Les quelques centaines de milliers de kilomètres carrés
potentiellement utilisables, à louest et au nord-est,
ne suffiraient pas à compenser ce déficit chronique
de terres agricoles. Cest pourquoi lagriculture chinoise
privilégie aujourdhui le rendement.
5. Principales régions
agricoles
Le riz est surtout cultivé au sud de la rivière Huai,
notamment dans les bassins du bas et du moyen Yang-tseu-kiang, dans
le delta du Zhu jiang (région de Canton) et dans le Bassin
rouge du Sichuan. Le blé domine au nord de la rivière
Huai. Les principales zones céréalières sont
la Grande Plaine du Nord, les vallées du Wei he et du Fen
he, et les hauts plateaux lssiques aménagés
en terrasses. Le maïs est cultivé essentiellement dans
le nord et le nord-est.
Lavoine abonde surtout en Mongolie-Intérieure et dans
louest (Tibet). La patate douce prédomine dans le sud,
la pomme de terre dans le nord. Les fruits vont des espèces
tropicales telles que les ananas et les bananes (île de Hainan)
aux pommes et aux poires (Liaoning, Shandong), en passant par les
agrumes (dans le sud).
La moyenne vallée du Yang-tseu-kiang et les provinces méridionales
du Fujian et du Zhejiang sont les grandes régions productrices
de thé. La canne à sucre est cultivée principalement
dans le Guangdong et le Sichuan, la betterave sucrière dans
le Heilongjiang et en Mongolie-Intérieure. Le coton, qui
peut pousser quasiment partout en Chine, concerne en priorité
la Grande Plaine du Nord (environ 50 p. 100 de la production), les
régions de lss, ainsi que le delta et le bassin moyen
du Yang-tseu-kiang. La sériciculture est répandue
dans les régions centrales et méridionales, notamment
dans le delta du Yang-tseu-kiang.
On peut également citer les principales zones de culture
du soja (Nord, Mandchourie), de larachide (Shandong, Hebei,
Guangdong, Guangxi, Liaoning, etc.), du colza (cours inférieur
du Yang-tseu-kiang, bassin du Sichuan), de la ramie (bassin du Yang-tseu-kiang),
du lin (Nord), du jute (Zhejiang, Guangdong) et de lhuile
dabrasin (dont 50 p. 100 de la production provient du Sichuan).
Enfin, la Chine possède 313 330 km2 de prés. Les
pâturages naturels sont principalement situés en Mongolie-Intérieure
(buf, cheval de Sanhe, mouton mongol), autour des massifs
du Tian shan et de lAltaï (cheval dIli, mouton
à toison fine du Xinjiang, etc.) et sur le plateau du Tibet
(yack). Dans louest et le nord semi-désertiques, lélevage
des ovins, très souvent extensif, représente une ressource
traditionnelle pour les populations semi-nomades. La plupart des
troupeaux, dans ces régions, sont constitués de moutons,
de chèvres et de chameaux.
6. Pêche et pisciculture
Avec 20,72 millions de t de prises en 1994 (3,6 fois plus quen
1987), la Chine est le 1er producteur mondial de poissons, lélevage
en eau douce représentant 40 p. 100 de la production.
La pisciculture est déterminante, car elle fournit un revenu
complémentaire aux agriculteurs. Cest pourquoi lÉtat
encourage cette forme dactivité depuis 1984. Elle se
pratique dans des étangs et dans les bassins de retenue jouxtant
les champs et les rizières. Les principales régions
productrices se situent à proximité des villes, dans
les bassins moyen et inférieur du Yang-tseu-kiang et dans
le delta du Zhu jiang. Lélevage des carpes, véritable
tradition millénaire, est une activité dominante.
Toujours depuis 1984, lÉtat développe la pêche
hauturière. Celle-ci est représentée par 25
compagnies en Chine, et par une soixantaine dentreprises à
capitaux chinois ou à capitaux mixtes.
7. Sylviculture
Les ressources forestières de la Chine sont regroupées
dans le nord-est et le sud montagneux. Malgré la déforestation
passée et présente, elles se sont toutefois développées.
Les programmes de reboisement ont permis de faire passer la surface
des forêts de 8 p. 100 de la superficie totale en 1949 à
plus de 13,4 p. 100 en 1995. La production annuelle de bois aura
été de 300,7 millions de m3 en 1993, ce qui place
la Chine au 2e rang mondial derrière les États-Unis.
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