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Société
1. La démocratie sur le
papier
La Chine est en butte à une difficulté, la dissidence,
ou plutôt les Chinois qui défendent publiquement une
opinion différente de la ligne du Parti. Ceux-ci réclament
la liberté de penser et dagir, davantage de démocratie
et le respect de la souveraineté des peuples. Bien que la
Constitution de 1982 garantisse le respect des droits individuels
et de lopinion de chacun, il semble que le régime actuel
ne respecte pas ces engagements. On estime à 50 millions
le nombre d« opposants » qui auraient été
emprisonnés dans les camps de rééducation par
le travail, les sinistres laogai aux conditions de vie inhumaines
et qui affichent une triste devise « Le travail fait votre
vie ». Environ 25 millions de Chinois en seraient morts.
En 1979, Deng Xiaoping arriva au pouvoir, et promit un assouplissement.
De plus, il libéra lun des plus célèbres
contestataires, Harry Wu, qui avait passé dix-neuf années
en laogai. Cependant, ses promesses étaient davantage destinées
à encourager les investissements étrangers dans le
cadre dune économie socialiste de marché.
Aussi, la voix des opposants se fit de plus en plus forte jusquaux
fameuses manifestations de la place Tian'anmen, réprimées
dans le sang en juin 1989. La contestation devint alors discrète
jusquen 1993, date à laquelle des pétitions
commencèrent à circuler dans le pays, réclamant
une plus grande participation des citoyens à la vie publique.
Mais ce mouvement fut une nouvelle fois étouffé et
les derniers dissidents condamnés rapidement à de
très lourdes peines demprisonnement.
En 1994, la Chine, pour faire bonne figure lors de la candidature
de Pékin pour lorganisation des jeux Olympiques, abandonna
le terme de laogai. Mais le système répressif perdura.
Aujourdhui, il existe près de 2 000 camps rebaptisés
« usines » ou « fermes », et dirigés
désormais comme des entreprises capitalistes. Environ 6 à
8 millions de Chinois, dont 10 p. 100 de prisonniers politiques,
y fabriquent des produits manufacturés (fleurs artificielles,
moteurs, vêtements, etc.) exportés dans le monde entier.
Il existe en outre 68 types dinfractions passibles de la
peine de mort. En 1996, 2 300 condamnations à mort ont ainsi
été exécutées. Le 30 octobre 1996, Wang
Dan, ancien leader des manifestations de 1989, fut renvoyé
en camp de travail pour onze années supplémentaires
à lissue dun procès prétendument
public (il été libéré et expulsé,
depuis lors (1998), vers les États-Unis). Certains dissidents
ont pu sexiler à létranger, comme Wang
Juntao (États-Unis) ou le syndicaliste Han Dongkang (Hong
Kong). Lui Xiaobo, célèbre critique littéraire,
fut condamné, quant à lui, à trois ans de détention
pour avoir proposé un véritable dialogue avec le dalaï-lama.
La Chine étant devenue aujourdhui lobjet de
toutes les convoitises, de plus en plus de puissances occidentales
séparent, dans leurs relations avec cet État, les
droits de lHomme de léconomie, à limage
de la France qui, dans un souci de pragmatisme économique,
refusa de recevoir officiellement le dalaï-lama en 1996 de
peur de froisser Pékin. Plus récemment, elle sest
opposée à tout projet de résolution de lUnion
européenne visant à condamner la violation des droits
de lHomme en Chine.
2. Les sociétés
secrètes
Le retour de Hong Kong à la Chine pose aujourdhui
le problème des sociétés secrètes. Les
triades sont en effet à Hong Kong et à Taïwan
ce que la mafia est à la Sicile ou aux États-Unis.
La naissance des sociétés secrètes obéit
à lorigine à des désirs patriotiques.
La première remonte à 1644, avec la chute des Ming
que remplacèrent les Qing mandchous. Cinq bonzes du monastère
de Shaolin, haut lieu des arts martiaux, fondèrent la ligue
des Hung dans le but de renverser les Qing. Pendant plus de deux
siècles, les clans et les ligues jouèrent des rôles
divers, tels les Boxers qui se révoltèrent entre 1898
et 1900. En 1904, Sun Yat-sen se lia avec les Hung et proclama la
République en 1911. Après 1949, certaines sociétés
secrètes, qui avaient combattu les communistes dans les années
trente pour le compte de Jiang Jieshi, se réfugièrent
à Taïwan ou à Hong Kong, qui devint lune
des plaques tournantes de la drogue venant du Triangle dor.
Aujourdhui, Hong Kong compte 56 triades aux activités
multiples (racket, jeu, prostitution, docks, parkings, etc.). La
plus puissante est le Sun Yee On (56 000 membres), qui possède
des ramifications à tous les niveaux de la société
et de ladministration, de la police à la commission
anticorruption, et qui contrôle lindustrie cinématographique.
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