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Institutions et vie politique
Congrès du Parti communiste chinois
Le régime chinois est une démocratie populaire à
parti unique et dinspiration marxiste-léniniste. Lavènement
de la République populaire en 1949 a introduit un changement
profond dans les institutions. Depuis, le pays a élaboré
quatre Constitutions. La première (1954), calquée
sur la Constitution de lURSS de 1936, fut la plus stalinienne
et la plus totalitaire. Deux autres lui succédèrent
en 1975 et 1978. En 1982, une nouvelle Constitution fut acceptée,
plus conforme aux nouvelles orientations du régime, et comportant
138 articles répartis en 4 chapitres. Néanmoins, son
préambule indique que le régime politique de la Chine
reste une dictature du prolétariat conduite par le Parti
communiste et reposant sur un front uni pouvant inclure des partis
démocratiques.
1. Pouvoir exécutif
Le président de la République remplit une fonction
purement symbolique. Mais, en théorie, il peut légiférer,
nommer ou renvoyer de hauts fonctionnaires, ratifier ou contester
des accords passés avec des pays étrangers. Il est
assisté dun vice-président et est élu
pour cinq ans par lAssemblée nationale populaire (ANP).
Le pouvoir exécutif est entre les mains du Conseil des affaires
dÉtat, cest-à-dire la plus haute autorité
du gouvernement. Ce Conseil régit différents ministères
et commissions. Il est responsable devant lANP et son Comité
permanent, dont il applique les lois et les résolutions.
Il prend des mesures administratives, élabore des lois et
des règlements, et émet des ordonnances. Il est dirigé
par le Premier ministre et se compose des vice-Premiers ministres,
des ministres, des présidents de commissions, du président
de la commission des Comptes et dun secrétaire général.
Le commandement des affaires militaires nationales relève
de la Commission militaire centrale.
Généralement, les charges les plus importantes dans
la conduite des affaires politiques sont les postes de Premier ministre
et de secrétaire général du Parti. Mais lautorité
qui leur est conférée dépend largement des
personnalités qui les occupent. Au début des années
quatre-vingt-dix, le personnage le plus puissant du gouvernement
a été Deng Xiaoping, qui, bien que ne détenant
plus aucun poste officiel depuis 1989, est resté larbitre
du régime jusquà sa mort en février 1997.
2. Pouvoir législatif
Le pouvoir législatif est détenu par lAssemblée
nationale populaire. Ses membres sont élus pour cinq ans
au suffrage indirect. Les provinces désignent leurs députés,
dans une proportion de 1 député pour 400 000 personnes,
avec un minimum de 10 députés pour chaque province.
La Ve Assemblée (1978-1983) comptait 3 497 députés,
dont environ la moitié étaient des ouvriers ou des
paysans, et la VIe Assemblée (1983-1988) 2 978. La VIIIe
Assemblée (1993-1998) totalise également 2 978 députés
comprenant 11,15 p. 100 douvriers, 9,4 p. 100 de paysans,
21,79 p. 100 dintellectuels, 28,27 p. 100 de cadres, 19,21
p. 100 de sans-parti ou représentant des partis démocratiques,
8,79 p. 100 de militaires, 1,21 p. 100 de Chinois doutre-mer
revenus au pays. Les femmes y sont représentées à
21,02 p. 100 et les 55 minorités ethniques à 14,74
p. 100.
LANP vote les lois, amende la Constitution, approuve le budget
national et les plans économiques. Elle a également
le pouvoir de nommer et de révoquer les membres du Conseil
des affaires dÉtat et de la Commission militaire centrale,
le président de la Cour populaire suprême et le procureur
du Parquet populaire suprême.
Dans la réalité, lANP dispose de peu de pouvoir
effectif. En raison de sa taille, elle ne se réunit quune
fois par an pour régler les affaires importantes. Durant
lintersession, un Comité permanent, élu par
les députés et dans lequel figurent également
le président et les vice-présidents de lAssemblée,
la remplace, la représente et peut ratifier ou abroger des
traités passés avec des gouvernements étrangers.
3. Pouvoir judiciaire
La tradition judiciaire chinoise est fondamentalement différente
de celle des nations occidentales. Le droit a toujours eu pour fonction
de défendre lordre public et non de garantir les droits
de lindividu. Néanmoins, depuis la Constitution de
1978, la Chine a commencé à aligner ses institutions
judiciaires sur les modèles occidentaux. La Constitution
de 1982 garantit désormais un droit de défense juridique
et les libertés de chacun. Interrompues depuis des années,
les professions davocat et de notaire connaissent de ce fait
un nouvel essor, même si leur rôle est encore mal accepté.
Le système judiciaire chinois est articulé autour
de trois éléments : les tribunaux, la Sécurité
publique (police) et le parquet.
Lorgane supérieur est la Cour populaire suprême,
qui veille à lobservation de la Constitution et juge
en dernier ressort. Elle est chargée de contrôler les
tribunaux populaires locaux ou spéciaux et le tribunal militaire.
Elle est responsable devant lANP et son Comité permanent.
Les tribunaux populaires sont les organes judiciaires locaux. Ils
figurent dans les provinces, les régions autonomes, les municipalités
et se répartissent en trois échelons : district, préfecture
et province. Les procès y sont publics, sauf ceux concernant
les secrets dÉtat ou les mineurs.
Les parquets populaires sont des instances indépendantes.
Ils se chargent du contrôle juridique et fonctionnent parallèlement
aux tribunaux populaires. Le Parquet populaire suprême est
dirigé par un procureur général. Le domaine
dintervention des parquets est la sécurité du
territoire et les affaires criminelles. Les parquets populaires
veillent également à lapplication scrupuleuse
de la loi au sein des tribunaux populaires ou encore aux conditions
pénitentiaires et au respect des procédures de la
Sécurité publique.
La Sécurité publique, omnipotente sous Mao Zedong,
a vu ses pouvoirs discrétionnaires limités. Néanmoins,
la détention administrative dans les laogai, les camps de
rééducation par le travail (sans jugement et en principe
limitée à quatre ans), et dans les maisons de détention
(réservées à lexécution des peines
de courte durée) sont toujours sous son contrôle, ce
qui lui permet darrêter tout suspect sans aucune procédure
judiciaire.
4. Gouvernement local
En Chine, le système politique repose, à la base,
sur les structures locales présentes dans lensemble
des circonscriptions à léchelon des provinces,
des régions autonomes, des municipalités, des districts
et des cantons. Leurs membres sont élus par la population.
Les assemblées populaires locales sont les ramifications
de lANP. Au-dessus de léchelon du district, elles
peuvent instituer des comités permanents. Aux échelons
les plus hauts (provinces, régions autonomes, municipalités),
elles ont le droit de statuer sur des affaires importantes et de
procéder à des règlements.
Les gouvernements populaires locaux sont placés sous la
tutelle du Conseil des affaires dÉtat. Ils ont pour
tâche de contrôler le travail administratif de leur
territoire. Chacun doit rendre compte de ses résultats à
lassemblée populaire de même échelon,
et à lorgane administratif de lÉtat qui
lui est immédiatement supérieur.
5. Partis politiques
Même si le préambule de la Constitution
ne fait plus référence au rôle dirigeant du
Parti communiste, celui-ci le conserve de fait, limbrication
de lappareil dÉtat et de lappareil du Parti
sobservant encore à tous les échelons.
Le Parti communiste chinois compte plus de 54 millions dadhérents
(environ 4,4 p. 100 de la population). Lors de son Ier Congrès
national en 1921, il ne réunissait que 57 membres contre
10 millions en 1956. Le Congrès national est lorgane
suprême du Parti. Le Comité central, élu par
le Congrès national, désigne le Bureau politique et
son comité permanent qui détiennent le contrôle
réel de lappareil, ainsi que le secrétaire général
du Parti.
Il existe également huit autres formations politiques appelées
« partis démocratiques ». Le Comité révolutionnaire
du Guomindang de Chine (1948) rassemble 47 000 adhérents
et la Ligue démocratique de Chine (1941), 117 000 membres
(intellectuels, couches supérieures et moyennes de la population).
LAssociation pour la construction démocratique de la
Chine (1945) comprend 61 000 membres issus des milieux économiques.
LAssociation chinoise pour la démocratie (1945) recense
56 000 adhérents (milieux de léducation, de
la culture, de la science et de lédition). Le Parti
démocratique paysan et ouvrier de Chine (1938) compte 55
000 adhérents (milieux de léducation, de la
culture, de la science et de la médecine). Le Zhi Gong Dang
de Chine (1925) rassemble 13 000 membres, principalement des Chinois
émigrés (Chinois doutre-mer) revenus au pays.
La Société Jiu San (1944) compte 57 000 adhérents
appartenant à lélite intellectuelle (sciences,
technologie, culture, éducation, médecine). Enfin,
la minuscule Ligue pour lautonomie démocratique de
Taïwan (1 400 adhérents), fondée en 1947, se
compose de Taïwanais installés en Chine.
Dautres structures, dites groupements sociaux, participent
à la vie du pays. La Fédération des Syndicats
de Chine (1925), le plus gros organe syndical, rassemble 101,76
millions de syndiqués. La Fédération nationale
de la jeunesse de Chine (1949) regroupe 13 organisations, dont la
Ligue de la jeunesse communiste (1922) et ses 56,8 millions de jeunes.
La Fédération nationale des femmes de Chine (1949)
se charge de protéger les droits et les intérêts
des Chinoises, renforcés par une loi adoptée en 1992.
Pékin a récemment organisé la IVe Conférence
mondiale des femmes en septembre 1995, à loccasion
de laquelle des Tibétaines se sont montrées au monde
entier volontairement bâillonnées, afin de protester
et dalerter lopinion sur les traitements qui leur sont
infligés. À noter encore la Fédération
nationale de lindustrie et du commerce de Chine (1953) et
lAssociation du peuple chinois pour lamitié avec
létranger (1954).
6. Défense nationale
La Constitution de 1982 confère le commandement
des forces armées à la Commission militaire centrale.
Les forces militaires du pays sont constituées par lArmée
populaire de libération (APL), dont lappellation date
de 1946, ainsi que par la police armée et la milice populaire.
LAPL comporte trois armées composées de militaires
de carrière et dappelés (service de 36 à
48 mois). Avec 2,5 millions dhommes et 1,2 million de réservistes
en 1999, elle est numériquement la première armée
du monde. La marine compte 220 000 hommes et 972 bâtiments
de toutes tailles, dont 50 sous-marins. Larmée de lair
représente 420 000 hommes et 4 970 chasseurs. Larmée
de terre comprend 2 millions dhommes, 14 500 pièces
dartillerie et près de 8 000 chars de combat. La Chine
possède également larme nucléaire.
Aux moments les plus chaotiques de la Grande Révolution
culturelle prolétarienne, lAPL demeura la seule force
organisée et fut utilisée pour mettre fin au mouvement.
Cest également elle qui fut chargée de réprimer
le mouvement démocratique de juin 1989 à Pékin.
Elle constitue toujours une institution déterminante et les
gouvernants restent en permanence sensibles à ses réactions.
En 1999, le budget de la Défense représentait 5,4
p. 100 du produit intérieur brut (PIB) contre 7,9 p. 100
en 1985. Bien que ses effectifs aient baissé de 1 million
dhommes en dix ans, lAPL possède un pouvoir économique
conséquent (25 millions de salariés, 50 000 usines,
hôtels, hôpitaux, etc.). Son bénéfice
annuel serait de 5 à 10 milliards de dollars. Cet empire
financier lui permet de peser lourdement dans le jeu politique de
la Chine.
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